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PHYTO-ACTUALITES -1 PHYTO-ACTUALITES - 2 L'Interview, par Pierre MORIN PHYTO-THERAPIE PHYTO-COURRIER PHYTO 2000 |
Le milieu du XXème siècle voit la publication de deux monuments de la littérature : "Le Meilleur des Mondes" d'Aldous HUXLEY et "1984" de George ORWELL. Le but de ces ouvrages ? Prévenir les décideurs de l'horreur des sociétés avilissantes qu'ils pouvaient contribuer à construire. Leurs auteurs étaient des intellectuels, des scientifiques parfaitement au fait des enjeux et décisions politico-financiers pour y avoir plus ou moins participé. Par leur analyse prospective des choses, ils ont pris conscience des dangereuses dérives possibles des structures adoptées à l'époque. Leur mise en garde nous a-t-elle été profitable ? Il semblerait aujourd'hui que non.
Dans tous les magazines fleurissent des dossiers consacrés aux fichiers informatiques créés de toute part. Ces fichiers sont remplis avec des renseignements que nous fournissons de plein gré ou que l'on nous extorque plus ou moins (paiements avec une carte bancaire, renseignements fournis par le type de courrier reçu, ...). Le croisement de ces fichiers permet de nous classer dans diverses catégories définies par les sociétés commerciales (banques y compris) afin de mieux cibler leur clientèle. Ces procédés de marketing, bien que mettant en lumière nos petites habitudes personnelles, ne mettent guère en péril notre liberté individuelle. Ils la mettent d'autant moins en péril que rien ne nous oblige à fournir des renseignements : si nous prenons la précaution d'éviter certains procédés, la quantité d'informations recueillies nous concernant restera minime et notre vie privée peut rester préservée. Mais, certaines collectes informatiques qui ne sont plus du tout facultatives pourraient bien aboutir à de désatreuses conséquences d'une toute autre portée qu'un simple démarchage commercial. Et ce ne sont pas les faibles pouvoirs aléatoires de la C.N.I.L. (commission nationale informatique et liberté), ni des comités d'éthique qui me rassurent.
Chaque année, tous les élèves de sixième passent des tests. Ceux-ci permettent de définir le profil au moment de l'examen de chaque enfant, c'est-à-dire un jour futur citoyen. Ces profils sont centralisés informatiquement par l'Education Nationale de façon nominative : c'est le "programme CASIMIR" (en référence à l'âne, modeste héros de la Comtesse de SEGUR ?). A quoi cela sert-il puisqu'ils ne sont pas pris en compte pour l'orientation, ni même pour l'individualisation de l'enseignement étant donné le programme scolaire unique pour tous ? Personne n'y prête garde, car, comme tout mathématicien le sait, pour faire la moindre projection, c'est-à-dire prédiction, il faut au moins deux points de référence. Et ici il n'y en a qu'un. Oui, mais, c'est le premier ... des suivants.
Le service militaire national, dont une frange de plus en plus importante de la population était exonérée, n'est plus. Vive le Rendez-Vous Citoyen obligatoire pour tous, garçons et filles, sous peine d'exclusion sociale. Comme on nous l'a annoncé, il servira à établir le niveau scolaire et professionnel, psychologique, social de chacun. La vérification de l'état de santé est également prévue. Et, si les esprits sages ne résistent pas à la théorie actuellement à la mode du déterminisme génétique, une carte du génome, un jour prochain possible de façon routinière, sera-t-elle dressée ? Quoi qu'il en soit, à quoi serviront toutes ces données ? A aider chacun à se situer, à faire le point et à trouver plus facilement sa place dans le monde du travail nous dit-on. Objectif estimable en soi. Mais ne risque-t-on pas de dériver vers une tentation d'adéquation de chacun à un poste en fonction de ses aptitudes ainsi déterminées ?
Cela n'aurait d'intérêt qu'à la condition d'une certitude scientifique quant à la valeur absolue des résultats d'un test quelconque. Or, tout scientifique actuel, délivré du scientisme du siècle passé, sait bien la relativité de tout test, et d'autant plus de son résultat. Toutefois, de trop nombreux scientifiques, de trop nombreux dirigeants, de trop nombreux citoyens sont encore empreints de scientisme. Alors, l'horrible danger nous menace-t-il ? D'autre part, où seront stockées les données électroniques et qui y aura accès ?
Autre outil aux possibles conséquences monstrueuses à faire son apparition : le carnet de santé. Il s'agit d'un livret obligatoire où devra être colligée toute la vie médicale de chacun. De très nombreuses voix s'élèvent pour dire que la formule papier ne garantit pas le secret médical qui couvre toute confidence du patient à son médecin, malgré les diverses précautions prises pour le préserver. Ces précautions, fort belles en théorie, pourront-elles être appliquées dans la réalité ? D'ailleurs, il était exclu au départ que les médecins du travail aient accès ce carnet. Néanmoins, ils réclament déjà à cors et à cris sa présentation lors des visites de médecine du travail. Et ils viennent d'obtenir gain de cause, c'est-à-dire droit de regard sur ce carnet. Afin de mieux assurer leur mission disent-ils. Sans chercher si loin, aujourd'hui certains employeurs et certaines agences immobilières réclament aux solliciteurs leur carte de sécurité sociale ; si le document révèle la mention ALD 100% (c'est-à-dire affection de longue durée prise en charge à 100% par la sécurité sociale, type Sida, cancers, etc), le solliciteur n'obtient jamais ni le travail ni le logement ; il en est de même s'il refuse de se soumettre à cette exigeance illégale, car on estime qu'il a alors quelque chose à cacher.
Aujourd'hui on connaît cet état de fait parfaitement illégal, mais personne ne sait le résoudre. Comme personne ne le saura quant il s'agira du carnet de santé à la place de la carte de sécurité sociale dont l'exigence de communication est tout aussi illégale et sévérement punie dans les textes juridiques ; mais dans la réalité ? Pour pallier ces risques et nous tranquiliser, on nous promet pour 1998 le transfert de ce carnet papier sur une carte à puce (le projet SESAME-VITALE : la carte qui ouvre sur la caverne d'Ali Baba de votre intimité). Comme l'a dit Jacques BARROT aux députés, le carnet papier n'est qu'une phase transitoire vers le carnet électronique. En fait, une mesure psychologique pour préparer les esprits à la délation médicale et ne pas les effrayer brutalement avec un fichage informatique. Mesure psychologique qui coûtera la bagatelle de plusieurs centaines de millions de francsà une sécurité sociale déjà en déficit !
Or, loin d'être rassurante, la carte électronique de santé pourra se révêler plus dangereuse que son modèle papier. Si, en effet, vous refusez de présenter votre carnet papier, vous risquez des mesures de rétorsion mais vous préservez le secret médical qui vous concerne. Avec l'électronique, les renseignements seront immédiatement transmis lors de la consultation médicale à l'ordinateur central de la sécurité sociale et ne seront plus sous votre protection directe. Des discours lénifiants nous certifient que c'est le garant de la meilleure préservation du secret. En fait le rapport sur le sujet, commandé par le gouvernement à l'ingénieur général de FRANCE-TELECOM, est accablant : "les objectifs de sécurité n'ont pas été réellement arbitrés et n'ont fait l'objet d'aucune analyse (...) ni d'aucune évaluation de la facilité de mise en oeuvre".
Admettons cependant que ce secret puisse être réellement préservé des regards indiscrets au fond des mémoires électroniques de l'assurance-maladie. Cela ne serait toutefois garanti qu'à la condition que la démocratie perdure. Or, dans la période trouble actuelle, rien ne nous assure d'une stabilité politique future. Si un pouvoir fort, dictatorial apparaissait, ces données ne pourraient-elles pas alors servir aux pires des abominations ? Certains souvenirs s'estompent-ils déjà ? Et il est plus commode et extrêmement plus rapide de manipuler des fichiers électroniques, même immenses, que des fiches cartonnées.
Quand bien même un dictateur physique tel que l'histoire nous en a déjà montré ne surgirait point, un fascisme plus vicieux, plus insidieux car moral nous guette. Il résulte du désir forcené de certains d'apporter, d'imposer le bonheur (tout du moins ce qu'ils définissent comme le bonheur) à tous. Pour connaître la suite, plongez-vous dans les deux ouvrages cités en introduction, le style y est bien plus joli que le mien. Toutefois, le cauchemar décrit pourrait même se révêler plus abominable, les auteurs de l'époque n'ayant pas osé imaginer jusqu'où la miniaturisation faciliterait les choses. En effet, il est intéressant de noter que l'Institut Pasteur de Lyon propose, à la place du tatouage classique des chiens et chats, l'implantation sous-cutanée d'une minuscule puce électronique renfermant tous les renseignements utiles. Cette méthode n'est pas plus traumatique que la précédente et est moins onéreuse ; elle a donc tout loisir de se développer. Dans le futur nous nous serons accoutumés au port de puces (électroniques et sous-cutanées) par nos braves compagnons.
Nous disposerons alors nous-mêmes de cartes à puce, et peut-être même d'une seule regroupant notre identité (carte d'identité, passeport, statut social et professionnel), nos comptes financiers (carte bancaire, porte-monnaie électronique), notre état de santé (carte Sésame-Vitale). Nous serons confrontés au rangement, au transport, au transfert lors des changements de veste, à l'oubli, à la perte, au vol de cette carte. Pour éviter ces inconvénients, on nous suggérera (imposera grâce à des méthodes persuasives bien rôdées) de nous implanter cette minuscule puce juste sous la peau grâce à une simple injection : pas plus douloureux qu'un vaccin !
Technocrates à l'esprit dirigiste, sous le prétexte au demeurant louable d'apporter le bonheur à tous, même et surtout à ceux qui semblent incapables de le trouver seuls, vous prenez des décisions aux potentielles retombées terriblement catastrophiques. Seule la démocratie nous protège de leurs abominables impacts et desserre quelque peu le carcan. Or, vous ne pouvez garantir qu'elle durera toujours. Ne mettez donc pas en place des instruments qui permettraient à une dictature (de fait ou en esprit) d'être servie sur un plateau d'argent. Admettez que le bonheur est le fruit d'une recherche personnelle, individuelle ; il ne se décrète pas avec des ordonnances gouvernementales ! Sinon, "LE MEILLEUR DES MONDES", régenté par "Big Brother", sera au rendez-vous !