Phyto 2000 Association des usagers de la phytothérapie

Association des Usagers de la Phytothérapie Clinique

LA MESOTHERAPIE
par le docteur Ghislaine GRIMALDI
membre de la Société Française d'Endobiogénie et Médecine



Pourquoi le terme MESOTHERAPIE ?
MESO car les injections intradermiques sont pratiquées dans le tissu conjonctif (caractère mésodermique
(1) de ce tissu) avec des produits pharmacologiquement actifs utilisés à faibles (moyennes) doses, dans un but thérapeutique.


Un peu d'histoire

Déjà, en 3600 av. J.-C., on trouve des écrits relatant l'utilisation de baumes et de liniments appliqués par la technique de la multipuncture, en Chine et en Inde notamment, mais aussi en Egypte. Les acupuncteurs connaissent bien la "technique du Prunier", petit instrument qui au bout d'un manche métallique se termine par une tête ronde d'où émergent six à huit pointes, et qui est utilisé pour soulager des zones congestives et douloureuses (en les tapotant rapidement).
En 1923, les vétérinaires commencent à pratiquer cette méthode avec succès, au début sur les chevaux, et ensuite sur tous les animaux.
En 1930, on utilise l'histamine puis la procaïne en intradermique dans les séquelles douloureuses de fracture, avec un bon effet antalgique.
En 1961, le Dr Michel PISTOR (2), médecin généraliste à Paris, écrit un ouvrage sur la mésothérapie chez l'homme.
Je me rappelle qu'en 1980 (année de ma formation à Paris, à l'Ecole de la Société Française de Mésothérapie (3) dirigée par le Dr PISTOR), à Marseille, nous étions trois ou quatre médecins à la pratiquer et nous étions considérés comme des "originaux" pour ne pas dire des "charlatans".
Heureusement, aujourd'hui, le nombre des médecins pratiquant cette technique va en augmentant, elle est reconnue et enseignée dans les facultés de médecine, se pratique dans beaucoup d'hôpitaux. Son efficacité et son intérêt ne sont plus à démontrer.
"Les hommes sont devant les idées simples comme les chauves-souris devant la lumière. Ils sont aveuglés !" (Aristote)



Comment pratiquer la mésothérapie ?
Le matériel est toujours le même :
  • une aiguille de 4 mm de long et d'un diamètre de 0,4 mm, à biseau oblique (4), jetable;

  • une seringue de 10 ml, jetable.

Les produits utilisés
Ce sont des produits injectables, allopathiques, homéopathiques et oligothérapiques.
Deux ou trois produits médicamenteux sont mélangés en fonction de l'affection à soigner, en sachant que les mélanges les plus simples sont les plus efficaces. Dans la seringue, la quantité de chacun des produits est de 2 ml.
Quel que soit le mélange, il y a toujours 2 ml de procaïne à 2 %. En effet, la procaïne est le vecteur de choix des mélanges médicamenteux de la mésothérapie, car elle possède une action :

    - anesthésique locale,
    - sympatholytique,
    - vasodilatatrice périphérique (améliorant donc la diffusion des mélanges qu'on lui ajoute),
    - eutrophique sur les tissus,
    - retard sur les autres médicaments du mélange.
    En cas d'allergie, on utilise la xylocaïne, en sachant que cette dernière ne possède pas les qualités vasodilatatrices de la procaïne.


Les autres produits médicamenteux utilisés peuvent être :

    - des antalgiques, antinévralgiques (vit. B12),
    - des antispasmodiques (Spasfon, Viscéralgine),
    - des antibiotiques,
    - des décontractants (Coltramyl),
    - des antimigraineux,
    - des produits améliorant la circulation sanguine (Torental, Fonzylane).


Les zones d'injection
S'il s'agit d'une atteinte organique, les injections seront effectuées dans le dermatome cible : par exemple, dans le cas d'une infection urinaire, on pratique des injections médicamenteuses dans la zone de projection de la vessie au niveau du derme.
S'il s'agit d'une maladie d'appareil, les injections seront pratiquées dans les territoires où siègent et irradient les signes fonctionnels (douleurs, congestion, contractures, inflammation).

Les techniques d'injection
On peut pratiquer les piqûres sur le patient assis, mais il est préférable qu'il soit en position couchée pour éviter les malaises lipothymiques.
On doit, au préalable, à l'aide d'un examen clinique, radiologique et/ou biologique déterminer la nature de l'affection et, par exemple, dans le cas d'une douleur arthrosique du genou, il faudra détecter :

    - plus spécifiquement le ou les points douloureux afin de les piquer selon la technique de "l'injection continue", on compte trois secondes jusqu'à l'apparition d'une petite papule sous-dermique ;
    - puis les zones d'irradiation de la douleur qu'il faudra aussi piquer selon la technique "du coup par coup" qui injecte quelques gouttes seulement ;
    - et ensuite, fin de la séance par la technique de "la rafale" qui fait un balayage rapide de la zone soignée ;
    - ne pas oublier de demander au patient de fléchir les genoux avant et après la séance pour apprécier le résultat, souvent immédiat ;
    - appliquer après chaque séance une pommade décongestionnante et demander au patient de ne pas se laver pendant au moins 12 heures pour ne pas annuler ce contact thérapeutique ;
    - retenir que l'injection doit être rapide, légère, les quantités du mélange injecté peu abondantes, répétées et bien réparties.


La cadence
Au début, les séances se font au rythme d'une fois par semaine, trois à cinq fois de suite, selon les résultats obtenus.
L'entretien peut être souhaitable, dans certains cas, une fois par mois.

Les principales indications

  • Migraines

  • Cervicalgies

  • Lombalgies, sciatiques

  • Arthrose du genou, de la hanche, des doigts

  • Tendinite du coude, de l'épaule

  • Périarthrite scapulo-humérale (PSH)

  • Troubles circulatoires

  • Rhinites et sinusites.

L'intérêt d'une telle méthode réside dans son efficacité souvent remarquable et dans une moindre iatrogénicité, grâce à l'apport local de principes médicamenteux qui permet, dans bien des cas, d'éviter le recours à la prescription de doses plus fortes.

Exemple d'une cervicalgie due à de l'arthrose
Avec contracture musculaire importante à la base du cou et au niveau des deux épaules.

  • Mélange à injecter : 2 ml procaïne à 2 % + 2 ml Vit. B 12 + 2 ml Coltramyl

  • Injection "continue" aux points douloureux ++

  • Injection "coup par coup" au niveau de l'irradiation de la douleur

  • Injection"rafale" sur toute la zone douloureuse

  • Application de pommade Décontractyl.

Exemple d'une ostéonécrose du genou, à son début
Située au niveau de la face externe du condyle fémoral.

  • Mélange à injecter : 2 ml procaïne à 2 % + 2 ml Equisetum arvense D6 + 2 ml Hamamelis virginiana D6 (alliance des propriétés de la prêle, plante reminéralisante et de l'hamamélis, plante veinotonique)

  • Injection "continue" au niveau de la lésion ostéonécrose elle-même

  • Injection "coup par coup" en bas, en haut, à droite et à gauche de cette lésion

  • Injection "rafale" sur toute la face externe du genou
    Traitement à raison d'une séance par semaine pendant six semaines, puis une séance tous les quinze jours pendant deux mois.

Exemple d'une épicondylite du coude (tendinite du coude ou tennis elbow)

  • Mélange à injecter : 2 ml procaïne à 2 % + 2 ml fluor oligosol + 2 ml potassium oligosol + 2 ml cuivre oligosol + 2 ml vit. B1

  • Injection "continue" au niveau du point douloureux +++ ( dans la zone d'insertion du tendon au niveau de l'épicondyle)

  • Injection "coup par coup" en bas, en haut, à droite et à gauche de cette douleur

  • Injection "rafale" sur la zone du coude.



(1) De mésoderme : feuillet moyen de l'embryon formé entre l'ectoderme et l'endoderme, au cours de son développement, l'élément grec méso signifiant au milieu, médian.
(2) Dès juillet 1958, la première publication du Dr PISTOR est diffusée dans la presse médicale.
(3) La Société Française de Mésothérapie a été fondée le 21 avril 1964.
(4) L'aiguille à biseau oblique a été inventée par le Dr LEBEL. C'est une courte aiguille très fine permettant des mini-injections indolores.