Phyto 2000 Association des usagers de la phytothérapie

Association des Usagers de la Phytothérapie Clinique

 

Endobiogénie


le terrain en médecine

"Le terme de terrain nécessite une mise à jour indispensable à la compréhension de son usage scientifique et au développement d'une thérapeutique qui s'appuie sur le respect absolu de l'homme et sur la sauvegarde de ses capacités à s'assumer lui-même. Thérapeutique résolument non substitutive, elle refuse la prise en charge systématique de l'homme malade aux moindres signes de défaillance dans le maintien de son équilibre, et surtout dans la prévention de ses incapacités à y faire face.
Elle relève d'une volonté supérieure de protection de l'état de santé des patients confiés à chacun des médecins adhérant à la notion de terrain. C'est leur volonté dominante d'en permettre la réintégration, la restitution à moindre frais.


La santé est, en tous lieux, pour chacun, l'équilibre de référence, harmonieux et optimal, de ses fonctions physiologiques fondamentales.

C'est dire que la préservation, la conservation ou la reconquête de la santé passent obligatoirement par la prise en considération première et absolue de l'état de fonctionnement structural de chaque individu plongé dans son milieu d'insertion.
Préserver la santé, c'est permettre à l'organisme d'assumer, prioritairement, avec ses seuls moyens, la maintenance de l'équilibre, harmonieux et optimal, de ses fonctions physiologiques fondamentales. C'est le protéger au maximum de la prolifération des agresseurs, de leurs impacts et de l'accélération de leurs conséquences.
Conserver la santé, c'est, au-delà de la préservation, assurer un soutien stratégique, médicamenteux ou non, aux composants défaillants du système particulier qui conse l'état précritique, c'est-à-dire celui contributif du devenir pathogène de l'individu.
Reconquérir la santé, c'est, par-delà la victoire sur la maladie, c'est-à-dire la suppression de l'état critique, donner à l'organisme toutes ses chances de reprise en main de tous ses moyens de gérance, de réparation et de restitution de l'état antérieur à l'avènement de la maladie et, si possible, un retour à celui de santé.


Le terrain doit être entendu dans son acception véritable de garant, de gérant de la santé. Avec les moyens de sa maintenance, il assure, en corollaire, le contrôle des fonctions de défense, la régulation du matériel de premier secours, la réparation plus profonde et plus efficace en fonction du degré de l'agression, de la durée de son application ; enfin, il participe à la remise en ordre, à la restructuration totale afin que rien n'y paraisse. Il est la transcription de l'unité de l'homme, la figuration de la vie qui l'habite et des moyens qu'il a de la maintenir. Il est l'expression de sa réalité matérielle, le coordonnateur de l'ensemble de ses fonctions fondamentales, métaboliques et relationnelles, le régulateur de tous ses comportements internes et extérieurs. Il assure en permanence la cohérence entre chaque cellule et la totalité de ses organes dans leur activité propre et dans celles adaptatives aux milieux d'insertion. Rien n'échappe à son contrôle. Du comportement réflexe à celui dirigé, du maîtrisé à l'immaîtrisé, du conscient à l'inconscient, qu'il soit de nature intellectuelle, psychologique, organique, qu'il entre dans les sous-classes de ses modalités de fonctionnement, neurovégétatives neuronales, immunitaires superficielles ou structurées et métaboliques de t outes profondeurs, tout est soumis aux fourches caudines du terrain. Sa part est, et doit rester, prépondérante dans le maintien ou la reconquête de sa santé.
Qu'il soit sain ou porteur de maladie, l'homme est une entité physiologique fonctionnelle. L'unité systémique qui la caractérise est aussi indispensable à la vie que la vie elle-même. Cette notion devrait apparaître aussi évidente que celle qui assure cohérence énergétique de la matérialité corporelle. Elle participe du rôle prévalent, dans le système réducteur de la vie terrestre, du soma sur la psyché, qui fait de l' organisation matérielle du corps physique l'oeuf de la poule esprit immatériel. Elle repose sur la constance dans le maintien volontaire, en un certain équilibre, des phénomènes de la physiologie qui règlent les fonctions de l'homme-entité. Leur compréhension s'appuie sur le respect permanent de la dynamique nécessaire à cette maintenance et propre à chaque être vivant. Elle met en jeu des lois universelles qui fondent l'interdépendance étroite de chacun des éléments qui composent un ensemble systémique. Sans préjuger de la nature de ses composants, l'unité systémique dépend du plus juste équilibre entre activité et réactivité et procède de l'intégration dans l'interprétation de toutes les manifestations, qu'elles soient cliniques ou biologiques, des règles fonda- mentales de la relativité. Ainsi en est-il de celle qui lie les organes qui composent un individu, au sein de chacun des systèmes qui expriment et garantissent leur fonctionnement. Ainsi en est-il de celle dont résulte l'indispensable cohérence entre la totalité de ces systèmes qui assurent, en toutes circonstances, la bonne marche d'un organisme vivant. En toutes circonstances, c'est-à-dire à l'état basal, comme à celui d'hyperactivité, volontaire ou sollicitée, c'est-à-dire en état physiologique normal, en état physiologique pathogène, en état de pathologie latente ou exprimée.
La compréhension et l'intégration de ses lois dans tous diagnostics d'étiologie véritable, et logiquement dans toutes les stratégies thérapeutiques qui en découlent, sont capitales pour le respect de la vie humaine.
Pourtant, elles sont négligées par la médecine expérimentale issue de Claude Bernard. Fondée sur ce postulat de référence qui décrète que toute pathologie est accidentelle, provient de l'extérieur, que tout passage de l'état physiologique à l'état maladie n'est qu'accidentel, fracturaire, elle nie toute participation de l'homme dans ce passage de l'état physiologique à celui de maladie. Elle lui refuse toute sa responsabilité dans la genèse de sa maladie, dans la maîtrise de son évolution et dans sa participation à son traitement. Elle s'interdit tout rôle actif dans la prévention , la confine à un mode attentiste de dépisteur de maladie installée ou de rechute, gardant alors leur caractère d'obligation incontournable.

La théorie endocrinienne du terrain, dite théorie de l'endobiogénie, se fonde, à l'inverse, sur l'implication totale de l'homme physiologique dans sa responsabilité à sa santé.
Cette vision différente de l'homme, dont nous avons jeté les fondements il y a une vingtaine d'années, s'inscrit dans l'évolution cyclique et cohérente des connaissances universelles de la science. Évolution qui veut que chaque découverte révolutionnaire appelle, dans son exploitation, un regard très parcellaire de l'homme de sciences sur ses perspectives globales.Ce regard s'élève, devient plus englobant, dès lors que les ressources de la théorie dominante sont épuisées.
La médecine n'a jamais échappé à ce phénomène. Elle semble avoir atteint les limites exhaustives de la " médecine expérimentale " et débordé celles de l'ère pasteurienne. Depuis la découverte des germes " responsables de toutes les maladies ", elle vivait sur les rails du modèle expérimental: une maladie, une cause et son remède " anticause ". Chemin pourtant malaisé, tourmenté pour cette science qui en est issue: l'infectiologie. D'autres en découlèrent plus ou moins directement: la bactériologie, la mycologie, la virologie, l'allergologie, la cancérologie, la médecine moléculaire et l'immunologie. Toutes eurent leur heure de gloire et, en illustration, la faillite de chaque théorie, de chaque système, des résultats. Pour tenter d'y pallier, la science médicale revient aux sources de l'homme: la génétique. Loin de l'élever, de le rendre plus englobant, elle conserve son même regard dichotomique de l'homme et de ses constituants. Le chromosome, le gène remplacent désormais les micro-organismes, à la configuration analogue.
Si l'on veut rendre à l'homme toute sa responsabilité dans la genèse de sa maladie, dans la maîtrise de son évolution et dans sa participation à son traitement, en un mot élever ce regard posé sur lui, il importe désormais d'imposer une médecine se prévalant de la notion de terrain.
Cette approche repose sur la théorie originale de l'endobiogénie. Elle témoigne d'une compréhension autre des bases nouvelles et évolutives de la science médicale contemporaine. Son application impose une redéfinition de la conception même de l'art médical au sein d'un système de santé rénové, et débouche sur de nouvelles définitions de l'homme en bonne santé, de la maladie et de l'usage des médicaments.
Ses principes généraux, les modalités d'application, tant physiologiques que diagnostiques et thérapeutiques, sont exposés dans le chapitre* qui suit. Si la connaissance approfondie des mécanismes qui la sous-tendent est indispensable pour faire progresser la compréhension de la science médicale de demain, l'application de ses préceptes généraux peut être immédiate. Elle doit permettre de substituer dès aujourd'hui des traitements simples, facilitant les moyens de défense propres à chaque individu, face à la quasi-totalité de la pathologie quotidienne. Fondée sur la réduction des agresseurs, elle permet la suppression de ce qui est devenu l'agresseur numéro un de quatre-vingt-dix pour cent des consultants journaliers: les remèdes substitutifs, inappropriés."

Traité de Phytothérapie Clinique, Docteurs Christian Duraffourd et Jean-Claude Lapraz, Edition Masson, juillet 2002

*Chapître 14 :Introduction à la médecine de l'endobiogénie