Phyto 2000 Association des usagers de la phytothérapie

Association des Usagers de la Phytothérapie Clinique

 

L'ASTHME

EXPOSE D'UN CAS CLINIQUE PAR LE MEDECIN TRAITANT

SYNTHESE DE L'ANALYSE DE VINGT CAS D'ASTHME TRAITES

 


Dans le cadre de la "Deuxième Journée Tunisienne de Phytothérapie et Plantes Médicinales" organisée à Monastir par le Professeur R. CHEMLI - sous le patronage du ministère de la Santé et de l’Enseignement supérieur - les docteurs Christian DURAFFOURD et Jean-Claude LAPRAZ ont exposé les possibilités thérapeutiques offertes par la phytothérapie clinique selon la théorie endocrinienne du terrain, dans le traitement de l'asthme.

Les vingt cas présentés, lors de cette rencontre, concernaient des malades qui ont été traités par les médecins membres du groupe de recherche de la SFEEM : les docteurs Francis ALLIOT, Axelle BRISARD, Alain CARILLON, Martine CHARLES, Laurent DAVID-HENRIAU, Thierry DESGRANGES, Rozenn DODEUR, Marc HENRIOT, Marie-Thérèse GOURDIER, Ghislaine GRIMALDI, Pierre LAPRAZ, Sylvia LAPRAZ-MICHEL, Jacques LOUBET, Marie-Odile RENAUDIN, Thierry TELPHON.

PHYTO 2000 a choisi de relater l’un d’entre eux, puis de donner la synthèse des éléments phytothérapiques qui ont pu être conseillés dans leur traitement, afin de montrer la complexité de l’approche de cette affection en médecine de terrain endocrinien. En effet, la compréhension des mécanismes générateurs et inducteurs de l'asthme - et de ceux assurant son maintien et sa perdurance - ainsi que les choix thérapeutiques qu’elle implique, ne peuvent pas relever d’une vision simplificatrice qui voudrait que la bonne nature y pourvoie tout "naturellement"...

Un tel exposé, réservé plus particulièrement à la réflexion médicale, nous est apparu indispensable en ce qu'il justifie parfaitement le choix des médecins de la SFEEM de maintenir la phytothérapie à l'intérieur du cadre légal de la médecine.


EXPOSE D'UN CAS CLINIQUE PAR LE MEDECIN TRAITANT

Présentation du patient
Mme Jeanne B..., âgée de 39 ans, souffre d'un asthme rebelle évoluant depuis plusieurs années. Elle vient nous consulter pour la première fois en avril 95.
Dans les antécédents personnels, on retiendra essentiellement le passé allergique de cette patiente. A l'âge de 2 ans est apparu un eczéma des plis et du cuir chevelu rapidement accompagné de crises asthmatiques qui deviendront très vite récidivantes. Elle se décrit comme une enfant chétive avec manque d'appétit jusqu'à l'âge de 10 ans où elle subira une appendicectomie.
Ses premières règles s'installent à 12 ans, avec des cycles rapidement très réguliers de 28 jours.
De la puberté à 25 ans, elle a de nombreux épisodes asthmatiques avec surinfection et persistance, de façon intermittente, d'eczéma à localisation exclusive au cuir chevelu et parfois aux plis des coudes.
Lasse de ne pas être améliorée suffisamment par les traitements classiques associant anti-inflammatoires, corticoïdes inhalés et antibiotiques, elle décide de pratiquer une désensibilisation à la poussière, aux acariens, aux poils de lapin, pendant 4 ans, ce qui l'améliore passagèrement, sans toutefois empêcher la survenue de plusieurs épisodes asthmatiques, chaque année, surtout en période hivernale ou humide.
Fait important, elle remarque que pendant ses deux grossesses survenues à 28 et 30 ans, elle s'est sentie particulièrement en forme et, surtout, n'a eu à souffrir d'aucune crise d'asthme. Elle rapporte que ses accouchements se sont bien déroulés, qu'elle a allaité son premier enfant pendant un mois, mais pas le second bien qu'elle ait eu une montée de lait normale.
Elle a eu recours à une contraception par oestro-progestatifs pendant plus de 17 années, de 19 à 36 ans.
A partir de l'âge de 33 ans, elle est reprise par des crises d'asthme et des bronchites asthmatiformes surinfectées fréquemment avec angines infectieuses traitées par antibiothérapie, corticothérapie et sprays de bêta-stimulants. Devant l'importance des amygdales cryptiques et la récidive des épisodes infectieux, une amygdalectomie est pratiquée en 1992, ce qui ne fera qu'aggraver les récidives de surinfection bronchique les années suivantes et accroître l'eczéma qui s'étendra même au visage.


Examen clinique
Lors de sa première consultation, Mme B... se plaint d'une dyspnée quasi constante à l'effort et parfois même au repos, résistant au Bécotide et au Sérévent. Elle parle de l'hiver difficile qu'elle vient de passer avec plus de trois épisodes asthmatiques surinfectés. Elle est asthénique, ses cycles menstruels sont réguliers, elle a un stérilet, n'a jamais de mastodynies mais souffre de jambes lourdes, d'extrémités froides facilement et de frilosité. Son appétit est modéré. Elle décrit une intolérance aux laitages qu'elle a supprimés de son alimentation depuis plusieurs années. Sa digestion est correcte, tout au plus elle signale quelques épisodes de poussées hémorroïdaires et une tendance à la constipation qui est, en général, améliorée par des extraits à base de Ginkgo biloba. Dans les antécédents familiaux, on retrouve l'allergie chez le père, sous forme d'eczéma exclusivement, associée à un diabète gras vers la quarantaine.
L'examen clinique retiendra un poids à 55 kg pour 1,63 m, une pression artérielle à 12/7, l'auscultation retrouvera des sibilants(1) dans les deux champs pulmonaires et une expectoration jaunâtre, plus ou moins épaisse et collante lors d'un effort de toux.
L'examen de la cavité buccale notera une langue saburrale(2) discrètement fissurée en son milieu, un subictère(3) palatin et des piliers amygdaliens violines. Elle n'a pas de signe de Chvostek(4) et a une mydriase(5) modérée sans hippus(6), la thyroïde est discrètement congestive. L'examen de l'abdomen révèlera une congestion splanchnique(7) avec une zone d'intestin grêle sensible à la palpation ainsi que la zone caecale et colique droite. Elle a une peau plutôt mate, signale qu'elle bronze facilement. Elle présente quelques boutons sur le haut du dos ainsi que quelques molluscum pendulum(8) autour du cou.

Approche simplifiée des éléments de l'état critique et pré-critique
Les premiers traitements proposés (ordonnances 1 et 2) tenteront de réduire la composante d’hyper-réactivité neurovégétative double para et alphasympathique pour faciliter l'expression bêtasympathique tout en régulant la fonction pancréatique exocrine et en assurant une décongestion splanchnique.

Ordonnance n°1 : avril 95

1)

HE eucalyptus globuleux
HE thym vulgaire
HE sarriette des montagnes
aa 1,5 g
Elixir de papaïne qsp 125 ml

2)

Carduus marianus (folia) TM
Plantago major TM
Ginkgo biloba TM
aa qsp 125 ml

Prendre 60 gouttes de chaque mélange avant les 3 repas, dans un verre d'eau, avec à chaque fois :


2 comprimés de Pancréal Kirchner
2 comprimés de Vibtil
2 gélules de poudre de ményanthe 0,25 g

2 comprimés de Désintex

Suppression des sucres et sucreries


Commentaire
1) Association d'huiles essentielles anti-infectieuses à tropisme pulmonaire, à activité régulatrice pancréatique endocrine et exocrine (eucalyptus), glyco-corticostimulante (thym et sarriette), vagolytique (thym) ;
2) Association décongestionnante splanchnique (Carduus marianus), anti-allergique (Plantago, Ginkgo), anti-inflammatoire (Plantago), décongestionnante pelvienne (Ginkgo) ;
Pancréal Kirchner : extrait pancréatique ;
Vibtil : aubier de tilleul, cholérétique doux ;
Poudre de ményanthe : vagolytique et parasympatholytique, bêtastimulant ;
Désintex : thiosulfate de magnésium, anti-allergique.

Ordonnance n°2 : septembre 95


1) HE eucalyptus globuleux )
HE thym vulgaire ) aa 2 g
HE géranium rosat )
Elixir de papaïne qsp 125 ml
aa 2 g

2) Avena sativa TM 25 g
Hypericum perforatum TM
Viola tricolor TM aa qsp 125 ml

Prendre 60 gouttes de chaque mélange avant les 3 repas dans un verre d'eau avec à chaque fois :


2 comprimés de Vitadil

2 comprimés de Flaviastase

2 comprimés de Magnogène

2 gélules de poudre de ményanthe 0,30 g

Suppression des sucres et sucreries


Commentaire
1) Association d'huiles essentielles anti-infectieuses à tropisme respiratoire et pancréatique, stimulantes du cortex surrénal ;
2) Association anti-allergique, antihistaminique (Viola tricolor), anti-inflammatoire et sympathomimétique (Hypericum perforatum), assurant un soutien thyroïdien bas modéré (Avena sativa) à l'entrée de l'automne pour moduler la réactivité TSH ;
Vitadil : association de noyer, plantain, zinc à action anti-allergique, régulatrice histaminique anti-agrégeante plaquettaire ;
Flaviastase : enzymes pancréatiques.

Nos prescriptions apporteront à Mme B... une amélioration certaine en réduisant nettement les surinfections : une seule, lors de la première année de traitement phytothérapique, jugulée par le traitement d'urgence préconisé (ordonnance 3).

Ordonnance n°3 : en cas de crise avec surinfection


1) Continuer le traitement de fond en prenant les préparations magistrales 5 fois par jour
2) Poires rectales

3 fois par jour pendant 3 jours
2 fois par jour pendant 5 jours
1 fois par jour pendant une semaine avec :

4 cuillerées à soupe d'eau
+ 2 ampoules Granions de cuivre
+ 2 ampoules de Granions d'or
+ 2 ampoules de Granions d'argent
+ 1 cuillerée à café du mélange :

HE sarriette des montagnes
HE eucalyptus globuleux
HE cyprès commun
HE thym vulgaire aa 5 g
Ribes nigrum Bgs Mac Glyc D1 qsp 125 ml

3) Frictions thoraciques avec :


HE lavande officinale 6 g
HE cyprès commun
HE sarriette des montagnes
HE eucalyptus globuleux
HE pin sylvestre aa 4 g
Camphre
Gaïacol aa 1 g
Moutarde 0,025 g
Glycérine 20 g
Alcoolat de tanin qsp 250 ml


Commentaire
2) Préparation à visée anti-infectieuse, à tropisme bronchique, vagolytique et bêtastimulante, antitussive.

Ainsi, pour la première fois depuis bien longtemps, notre patiente passera une année sans antibiothérapie.

Malgré nos traitements, Mme B... garde un essoufflement à l'effort et des expectorations plus ou moins épaisses, abondantes, sauf en période d'été quand elle est en vacances dans le midi de la France.
En novembre 96, elle consulte en signalant qu'elle a un sommeil plus perturbé en deuxième partie de nuit et, surtout, que depuis trois cycles, elle est extrêmement fatiguée une semaine avant ses règles, avec apparition de vertiges importants associés à une hypotension à 9/6. Elle se plaint d'une rétention d'eau essentiellement localisée au niveau des deux membres inférieurs malgré une alimentation saine et sans excès. Depuis plusieurs mois, également, ses expectorations sont plus abondantes, un peu épaisses, sans aucune surinfection cependant. Enfin, il lui semble être plus gênée sur le plan respiratoire la semaine précédant les menstruations et, pour la première fois, depuis l'arrêt des contraceptifs, elle a eu un cycle de 34 jours suivi d'un cycle de 24 jours.
Aucun élément exogène de nature physique ou psychique ne semble devoir être intervenu pour expliquer cette symptomatologie.
A l'examen, nous serons effectivement frappé par l'infiltration oedémateuse des membres inférieurs qui s'est accrue par rapport au premiers examens, se traduisant par des plaques cellulitiques infiltrées, des chevilles à la face interne des genoux, la congestion splanchnique étant réapparue également, la palpation des seins retrouvera une zone mastique du quadrant supéro-externe (QSE) du sein droit.
Visiblement notre patiente est entrée dans ce que le Dr DURAFFOURD nomme la répétition générale de la ménopause, période s'étalant sur une durée de 12 à 18 mois, selon les terrains structuraux, et qui correspond à une baisse fonctionnelle de la sécrétion ovarienne, informant déjà l'axe hypothalamo-hypophysaire de ce qu'il adviendra sept à dix années plus tard en périphérie. Ainsi, pour notre patiente, c'est l'entrée dans cette phase qui participe à la faire changer de niveau d'équilibre et contribue à augmenter l'ensemble de ses sécrétions et congestions. Les traitements suivants viseront à corriger l'hyperaldostéronisme(9) secondaire majoré par l'insuffisance lutéale survenant en seconde partie du cycle, tout en réduisant fortement la composante histaminique qui participe à l'aggravation et à l'entretien des mécanismes congestifs (ordonnance 4).

Ordonnance n°4 :


1) Clarityne : 1 comprimé par jour
2) Extranase : 10 comprimés 4 fois par jour
3) Vitadil : 1 comprimé aux 3 repas
4) Flaviastase : 2 comprimés midi et soir aux repas
5) Poudre de ményanthe 0,40 g : 2 gélules aux 3 repas

6) HE hysope officinale 2,5 g
Hyssopus officinalis TM qsp 125 ml
40 gouttes matin, midi et 17 heures dans un verre d'eau

7) Alchemilla vulgaris TM 125 ml
75 gouttes avant les 3 repas dans un verre d'eau
8) Fruits séchés de paliure
Feuilles d'alchémille
Feuilles de bourrache qsp

3 cuillers à soupe du mélange dans un litre d'eau froide. Faire bouillir 7 mn, laisser infuser 14 mn. Boire 3/4 litre par jour du 10ème au 25ème jour du cycle.


Commentaire

1) Antihistaminique classique nécessité, ici, par le risque de multiplication des récepteurs à l'histamine induit par le changement de niveau d'équilibre ovarien : insuffisance lutéale et hyperaldostéronisme secondaire ;
2) Bromélaïne, anti-oedémateux et progestérone-like ;
6) Préparation synergique anti-allergique et anti-inflammatoire, vagolytique et sympathomimétique indirecte,
7) Plante astringente, décongestionnante, dépurative, anti-infectieuse, à activité endocrine, lutéale et régulatrice pancréatique hypoglycémiante indirecte ;
8) Décoction de plantes à action synergique anti-aldostéronique, diurétique volumétrique uricosurique et azoturique avec la paliure, antigonadotrope et antialdostérone avec la bourrache, lutéale avec l'alchémille.

Au terme de deux années de traitement de terrain, Mme B... se trouve nettement améliorée sur le plan général, et asthmatique en particulier, puisqu'elle ne fait plus que de rares crises d'asthme qu'elle jugule uniquement avec les traitements phytothérapiques, et qu'elle ne se surinfecte quasiment plus.


L'équilibre génital de cette patiente semble bien être le facteur inducteur pré-critique de l'expression allergique asthmatique, associé à l'insuffisance fonctionnelle relative de sa thyroïde entraînant un appel sécrétoire compensateur permanent de relance de l'axe TRH-TSH(10).
En effet, elle présente un équilibre sécrétoire ovarien globalement bas avec hyperfolliculinie relative lors de l'entrée en phase de répétition générale de la ménopause.
L'amélioration de sa symptomatologie allergique pendant ses deux grossesses témoigne du meilleur équilibre métabolique induit par l'inondation sécrétoire oestro-progestéronique placentaire, alors que le niveau sécrétoire ovarien de base, suffisant pour permettre une régularité cyclique, est insuffisant pour faire face à un surcroît de demande adaptative métabolique notamment nécessitée par un axe TRH-TSH toujours très réactif chez notre patiente. Cette différentielle s’accroît lors de la baisse fonctionnelle normale de la sécrétion ovarienne à la quarantaine, laissant apparaître l'insuffisance lutéale avec irrégularités des cycles, mastodynies et mastose du QSE des seins, surtout droit, et réapparition de l'asthme en phase prémenstruelle.
L'organisme tente de corriger le déséquilibre électrolytique, potassique notamment, induit par cette hyperoestrogénie avec hypersollicitation pancréatique en créant un hyperaldostéronisme secondaire franc, visible cliniquement par la qualité et la localisation de l'infiltration, ainsi que par l'abondance des sécrétions pulmonaires.
Par ailleurs, s'associe un hyperthyroïdisme haut et de relance TRH-TSH qui accroît la quantité des sécrétions déjà favorisées par l'hyperaldostéronisme secondaire. La réactivité TSH aura été exacerbée en 1992 lors de l'amygdalectomie et participera à la rechute constatée au décours.
Enfin, elle a une cortico-surrénale qui est essentiellement adaptative avec retard à la décharge bêtasympathique majorée par l'augmentation des sécrétions autacoïdes(11), essentiellement hyperhistaminémie.
Face à cet équilibre endocrinien et métabolique, on comprend qu'une simple variation de l'équilibre neurovégétatif suffira à déclencher la crise et à faire rentrer notre patiente dans l'état critique, ce d'autant plus qu'elle présente une hypervagotonie de base avec hyperalphasympathisme réactionnel, et que sa congestion splanchnique est très importante du fait de l'accroissement de la réactivité neurovégétative périphérique.



SYNTHESE DE L'ANALYSE DE VINGT CAS D'ASTHME TRAITES

PAR LES MEDECINS DE LA SFEEM

Leur évolution permet de mettre en évidence un certain nombre de points.


- Il s'agit de patients qui étaient, pour la majorité d'entre eux, porteurs de manifestations asthmatiques évoluant depuis de nombreuses années, associées à des pathologies infectieuses touchant les divers organes et sphères de l'appareil broncho-pulmonaire, et parfois à des manifestations allergiques touchant la sphère cutanée.
- Tous suivaient des traitements classiques relevant des grandes classes thérapeutiques de ce type d'affections : antibiotiques, anti-inflammatoires, corticoïdes, anti-allergiques, bêtastimulants, par voie orale et/ou générale, et en sprays. Ces classes thérapeutiques étaient associées à des degrés divers, mais très souvent au degré maximum. Certains avaient suivi des désensibilisations pendant de longues années, sans réel succès.

- Dans tous les cas, dès la mise en place du traitement de terrain, associant des plantes médicinales et des oligo-éléments, une amélioration a été constatée, parfois de façon spectaculaire, d'autres fois de façon plus progressive, permettant d'assurer, dans certains cas, la guérison avec le seul traitement de terrain, une diminution importante des doses de médicaments classiques pour les autres.

- L'épargne médicamenteuse ainsi réalisée permet d'assurer une moindre iatrogénicité et d'éviter une escalade thérapeutique préjudiciable.

- On observe aussi l'effet heureux du traitement de terrain sur le risque d'hospitalisation qui paraît très nettement diminué.

- Des résultats thérapeutiques sont observés, même dans des cas considérés comme graves (cas d'une malade séropositive), et des améliorations dans des affections sans rapport avec la maladie asthmatique sont obtenues (normalisation des transaminases chez un enfant porteur du virus de l'hépatite C). Ce dernier point n'étant pas pour surprendre quand on sait que les traitements de terrain prennent en compte le malade dans sa globalité.


La synthèse des prescriptions de plantes médicinales donne les résultats suivants.
L'analyse a été faite sur les 48 ordonnances qui ont été rapportées par les médecins ayant suivi les 20 malades présentés - dont la moyenne d'âge de 31 ans se répartit de 7 à 63 ans, pour 9 hommes et 11 femmes.

Fréquence de prescription des huiles essentielles choisies
Les huiles essentielles de thym (Thymus vulgaris) et d'eucalyptus (Eucalyptus globulus) se révèlent comme les plus fréquemment utilisées puisqu'elles ont été l'une et l'autre prescrites 18 fois, soit dans 37,5 % des ordonnances établies. Elles sont suivies de près par l'huile essentielle de sarriette (Satureia montana, 33,3 %), puis celles de lavande (Lavandula officinalis, 27,1 %), d'hysope (Hyssopus officinalis, 25 %) et de pin (Pinus montana, 18,8 %).

Fréquence de prescription des autres plantes médicinales choisies
1) Plantes prescrites sous forme de bourgeons en macérats glycérinés
Le cassis (Ribes nigrum) sous cette forme galénique, en 1ère dilution décimale, se révèle la plante la plus utilisée dans les cas d'asthme présentés, puisque qu'il a été prescrit 36 fois, soit dans 75 % des ordonnances établies.
Il est suivi de très loin par l'églantier (Rosa canina) qui n'a été prescrit que dans 10,4 % des ordonnances établies.
Il est à noter que les 7 autres plantes prescrites sous la même forme galénique l'ont été de façon très occasionnelle : Ficus carica, dans 8,3 % des cas, et Sequoia gigantea, Viburnum lantana, Abies pectinata, Corylus avellana, Ilex aquifolium, Tilia tomentosa, (dans 6,3 à 2,1 % des ordonnances établies).
Mais il faut remarquer pour ces dernières qu'elles correspondent à des indications très ciblées pour certains patients. Par exemple, le figuier (Ficus carica) a été prescrit 4 fois au même malade.

2) Plantes prescrites sous une autre forme galénique
On doit signaler que la principale forme galénique répertoriée est la teinture mère (environ 80 % des cas), les 20 % restants se répartissant en plantes en l'état (infusions, décoctions, poudres), en extraits secs ou liquides rentrant, pour certaines d'entre elles, dans la composition de formes commercialisées prêtes à l'emploi.
D'après l'analyse des résultats, nous constatons d'emblée le nombre élevé de plantes médicinales (73) qui ont été utilisées par les médecins qui ont eu à traiter ces 20 patients asthmatiques, et qui figurent sur les 48 ordonnances étudiées.
Parmi elles, le plantain (Plantago major) se révèle comme la plante médicinale la plus utilisée, puisqu'il a été prescrit 27 fois, soit dans 56 % des ordonnances établies.
Il est suivi de près par l'hysope (Hyssopus officinalis) prescrite 20 fois, puis par l'aubépine (Crataegus oxyacantha) 15 fois, la mélisse (Melissa officinalis) 15 fois, l'herbe aux chantres (Erysimum officinale) 14 fois, le grémil (Lithospermum officinale) 13 fois, et le ményanthe (Menyanthes trifoliata) 11 fois, soit pour ce dernier une prescription dans près de 1/4 des ordonnances établies.
Il faut insister sur le fait qu'il existe un groupe de 24 plantes qui n'ont été utilisées qu'une seule fois, et pourtant nous relevons parmi celles-ci des plantes à tropisme respiratoire (soit antispasmodique, soit anti-inflammatoire) dont on pourrait s'attendre à ce que l'usage - rapporté dans la tradition comme indiqué dans le type de pathologie étudié - soit plus large que celui mis en évidence, telles : Drosera rotundifolia, Borrago officinalis, Grindelia robusta, Papaver rhoeas.


Dans ce groupe figurent aussi des plantes qui ne paraissent avoir aucun rapport avec la pathologie traitée, et dont la présence ne peut s'expliquer que si l'on connaît quelles raisons physiopathologiques précises justifient leur choix : c'est le cas, par exemple, de l'agripaume (Leonurus cardiaca) dont la prescription dans l'asthme implique l'existence d'un déséquilibre de terrain particulier nécessitant un sédatif central de type valérianique, cardiosédatif, inotrope positif, chronotrope négatif, vagolytique, alphasympatholytique, bêtabloquant, antithyroïdien (antiTRH, antiTSH).


La prescription du romarin (Rosmarinus officinalis) qui a été relevée une fois, peut s'avérer paradoxale dans un cas d'asthme, quand on sait que cette plante possède des propriétés parasympathomimétiques. Mais il faut savoir qu'elle possède d'autres propriétés : stimulant du cortex surrénal, anti-inflammatoire, antalgique, antinévralgique, anti-infectieux (biliaire, urinaire, pulmonaire ), draineur rénal (diurétique, volumétrique et uricosurique), draineur hépatobiliaire, cholérétique, cholagogue, cicatrisant, épithéliogène.

De telles propriétés peuvent être indiquées pour un malade précis, mais l'effet vagotonisant doit être pris en compte pour le choix des autres plantes qui figureront sur l'ordonnance et qui devront corriger cet effet qui peut se révéler indésirable dans le traitement d'un sujet asthmatique. Seule la maîtrise d'une médecine de terrain endocrinien peut assurer la justesse de la prescription globale.
Il existe un autre groupe constitué de 16 plantes qui n'ont été prescrites que deux fois pour les 48 prescriptions répertoriées. Au rang de celles-ci figurent pourtant la réglisse (Glycyrrhiza glabra), plante à propriétés anti-inflammatoires, et la pensée sauvage (Viola tricolor) plante à réputation anti-allergique.

Propriétés des six principales plantes dépassant 25 % des cas de prescription
- Le plantain (Plantago major) peut être retenu pour ses effets anti-allergique, anti-inflammatoire, astringent, adsorbant, anti-hémorragique à propriétés vitaminiques P, coagulant, à activité enzymatique de substitution (invertase et autres diastases), diurétique volumétrique et azoturique, riche en soufre, tonique veineux ;
- L'hysope (Hyssopus officinalis), expectorant, anti-allergique, anti-inflammatoire, parasympatholytique, sympathomimétique ;
- L'aubépine (Crataegus oxyacantha) peut être prescrite pour ses effets : alphasympatholytique, spasmolytique des muscles lisses, hypotenseur et antihypertenseur, inotrope (+), chronotrope (-), dromotrope (+), bathmotrope (-),vasodilateur périphérique et coronarien, hypocholestérolémiant, hypolipémiant, stimulant de la sécrétion salivaire et biliaire, myorelaxant utérin, sédatif du système nerveux central (NB : à hautes doses, dépression du SNC avec bradycardie et ralentissement respiratoire) ;
- La mélisse (Melissa officinalis) est eupeptique, cholérétique, antispasmodique musculotrope à tropisme cardiovasculaire, à activité bathmotrope négative, anti-arythmique ;
- L'herbe aux chantres (Erysimum officinale), antispasmodique à activité neurotrope, sympatholytique ;
- Le grémil (Lithospermum officinale) peut être choisi pour ses effets : anti-inflammatoire urinaire et prostatique, antidiarrhéique, antilithiasique, fébrifuge, émollient, antigonadotrope (antiFSH-antiLH), antithyréotrope (antiTSH), activité thyroxinienne (T4), inhibiteur de la désiodisation enzymatique de la thyroxine (T4) en triiodothyronine (T3), inhibiteur de l'activation de l'adénylate cyclase intrathyroïdienne, anti LATS (IgG Graves). Risques éventuels : hypogonadisme et hypothyroïdie.

De cette première étude des possibilités thérapeutiques des plantes médicinales dans la maladie asthmatique, on peut retenir en priorité, et par ordre d'activité décroissante :
- les huiles essentielles de thym (Thymus vulgaris), eucalyptus (Eucalyptus globulus), sarriette (Satureia montana), lavande (Lavandula officinalis), hysope (Hyssopus officinalis), pin (Pinus montana) ;
- les bourgeons de cassis (Ribes nigrum), églantier (Rosa canina) ;
- les plantes médicinales suivantes sous leurs autres formes galéniques (selon les cas, teinture mère, extrait fluide, infusion, décoction, plante en l'état...) : le plantain (Plantago major), l'hysope (Hyssopus officinalis), l'aubépine (Crataegus oxyacantha), la mélisse (Melissa officinalis), l'herbe aux chantres (Erysimum officinale), le grémil (Lithospermum officinale), le ményanthe (Menyanthes trifoliata).

Prescription type pour un traitement symptomatique de l'asthme en phytothérapique clinique
Ainsi, une prescription standard, dans une approche du traitement symptomatique d'un adulte asthmatique de poids moyen, pourrait s'établir comme suit :

Asthme = prescription type


HE thym officinal
HE eucalyptus globuleux
HE lavande officinale aa 1,5 g

Elixir de papaïne qsp 125 ml 40 gouttes aux trois repas

Ribes nigrum
Rosa canina
70 gouttes aux trois repas Bgs D1 mac. Glyc.
Bgs D1 mac. Glyc. aa qsp 125 ml

Hyssopus officinalis
Crataegus oxyacantha
Melissa officinalis
50 gouttes aux trois repas TM
TM
TM aa qsp 125 ml

Feuilles de plantain
(Plantago major) qs
3/4 de litre d'infusion
à boire dans la journée


Une telle prescription est en mesure de répondre correctement à certains des déséquilibres associés, les plus fréquemment rencontrés dans la maladie asthmatique :
- l'hyperparasympathicotonie avec le thym, la lavande, l'hysope (conseillée en cas d'insuffisance de base du système sympathique, absolue ou relative et en cas d'hyperparasympathisme relatif) ;
- l'hyperalphasympathicotonie avec l'aubépine, la lavande ;
- le retard du bêtasympathique avec le cassis, l'églantier ;
- l'inflammation avec le cassis, l'églantier, l'hysope, le plantain, le thym ;
- la surinfection avec l'eucalyptus, la lavande, le thym ;
- la spasmodicité avec l'aubépine, la lavande, la mélisse, le thym ;
- l'allergie avec le cassis, l'églantier, l'hysope, le plantain ;
- l'hyperhistaminémie avec le cassis, l'églantier ;
- le trouble des sécrétions bronchiques avec l'eucalyptus, l'hysope ;
- le trouble du pancréas endocrine avec l'eucalyptus ;
- les troubles digestifs associés avec la lavande, la mélisse, le thym.

Les résultats décrits par les médecins de la SFEEM dans les traitements appliqués à ces vingt cas d'asthme, n'ont pu être obtenus que par un ajustement, le plus étroit possible, entre les éléments du traitement de terrain prescrit et les déséquilibres physiopathologiques sous-jacents à l'état maladie.
Cela ne peut s'accorder avec un usage "bricolé" des plantes médicinales, mais implique, obligatoirement, à la fois une connaissance très précise de leurs propriétés, de leurs indications et contre-indications, de leurs effets toxiques, et aussi de l'état précis du malade auquel elles seront ordonnées.
C'est la démarche scientifique et éthique que doit suivre tout médecin soucieux du devenir de son malade.


NDLR -
(1) - Sibilant : à l'auscultation, sifflement musical d'un ton plus ou moins aigu, qui accompagne le murmure respiratoire et peut même le masquer.
(2) - Saburrale : se dit de la muqueuse linguale lorsqu'elle est recouverte d'un enduit blanc jaunâtre.
(3) -Subictère : ictère léger. Symptôme qui consiste en une coloration jaune plus ou moins intense de la peau et des muqueuses, due à l'imprégnation des tissus par les pigments biliaires.
(4) - Signe de Chvostek : signe d'hyperexcitabilité neuro-musculaire.
(5) - Mydriase : dilatation de la pupille.
(6) - Hippus : alternatives de contractions et de dilatations de la pupille se reproduisant de façon rythmique.
(7) - Splanchnique : qui a rapport aux viscères.
(8) - Molluscum : tumeur fibreuse et flasque de la peau de taille variable.
(9) - Hyperaldostéronisme : exagération de production d'aldostérone par le cortex surrénal, entraînant une élimination excessive de potassium, une rétention de sodium et une alcalose métabolique, et l'ensemble des troubles qui en résultent.
(10) - Axe TRH- TSH
TRH : (Thyrotropin Releasing Hormone) ou thyrolibérine, neuro-hormone de l'hypothalamus, "facteur de libération" de la thyréotropine ;
TSH : (Thyrotropin Stimulating Hormone) ou thyréotropine, hormone sécrétée par le lobe antérieur de l'hypophyse, stimulant le fonctionnement de la glande thyroïde.
(11) - Autacoïde : substance spécifique formée par les cellules d'un organe et déversée par lui dans le sang circulant, telle l'histamine.