CANCER & DIÉTÉTIQUE

par le Docteur Marie-Odile RENAUDIN
Membre de la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie

Quelle que soit son origine,
Quel que soit le pays où il naît,
L'homme pour vivre, doit se nourrir.
Quel que soit son milieu social,
Quel que soit son travail,
L'homme pour vivre, doit se nourrir.
Quel que soit le but de sa vie,
Quels que soient les chemins qu'il emprunte,
L'homme pour vivre, doit se nourrir.

Mais peut-il se contenter de n'importe quelle nourriture pour vivre ? La réponse est non. Nous sommes ce que nous mangeons car la finalité de l'aliment après avoir été ingéré, digéré, est de s'intégrer à notre organisme en lui apportant l'énergie, les nutriments, les éléments d'information nécessaires à la maintenance et à la dynamique de sa structure, c'est-à-dire à notre dynamique de vie.

Lorsque nous ingérons un aliment quel qu'il soit, celui-ci déclenche des événements en chaîne :

Cela implique immédiatement au moins deux réflexions :

Les aliments jouent donc un rôle majeur dans notre équilibre puisque par dégradation ou reconstruction ils s'introduisent dans les mécanismes physiologiques ou physiopathologiques de notre organisme. On comprend alors que la nourriture a souvent un caractère agressif alors qu'elle devrait être au contraire "un traitement préventif, un traitement curatif, un traitement d'urgence".

Ainsi intégrés dans notre physiologie cellulaire, les aliments peuvent jouer un rôle très important dans l'induction, la maintenance, la multiplication des cellules cancéreuses. Prenons deux exemples :

* Chacun sait que les oestrogènes ont un rôle déterminant dans le cancer du sein. Ces hormones sont synthétisées par les ovaires à partir du cholestérol que nous fabriquons, mais aussi et surtout que nous absorbons dans les produits d'origine animale. Ces oestrogènes forment et maintiennent notre structure, assurent la reconstruction lorsqu'il y a eu destruction, mais leur rôle de maçons leur permet également de construire des tumeurs bégnignes comme les fibromes, et des tumeurs malignes comme les cancers du sein et de l'utérus.

Si aux techniques thérapeutiques qui détruisent ou enlèvent la tumeur, nous associons une alimentation qui, dans un premier temps exclut tout produit d'origine animale, puis en restreint très fortement la quantité, nous diminuons la synthèse d'oestrogènes ainsi que leur travail de construction, c'est-à-dire que nous ralentissons le métabolisme cancéreux. Cette simple action est très visible dans les fibromes, car facilement mesurable par l'échographie pelvienne, action qui, associée à un traitement personnalisé, permet souvent d'éviter une intervention chirurgicale.

* Chacun sait que le sucre est le principal nutriment du cerveau, qu'il lui est totalement nécessaire et qu'une baisse de ce taux dans le sang ne doit pas durer longtemps sous peine de conséquences graves, voire mortelles. Or aujourd'hui, nous assistons à une augmentation de la fréquence des cancers du cerveau chez les jeunes. Parallèlement nous les voyons boire sans cesse des boissons sucrées comme le coca-cola, les sodas et autres boissons très riches en sucre, nous les voyons manger des sandwitches car ils n'ont plus le temps ou l'argent nécessaires à des repas équilibrés, alors chez ceux dont le terrain est propice, ces apports permanents de sucres vont nourrir des cellules mutantes et faciliter leur multiplication.

Ces exemples nous permettent de comprendre quelques points concrets sur le cancer.

La diététique est l'un de ces moyens. Une diététique qui correspond aux besoins, qui répond à la demande des cellules normales, est une arme extrêmement importante. Bien sûr, pour toute personne atteinte d'un cancer, l'alimentation devrait être personnalisée selon le stade de la maladie, selon les thérapeutiques employées, et c'est ce que tentent de faire les médecins qui ont une approche globale de l'être humain.

Il est évident que dans un tel article, on ne peut donner que des éléments généraux, cependant très importants. Nous avons abordé la physiologie digestive d'une façon extrêmement succinte, mais suffisante pour comprendre que la diététique, arme puissante, ne peut et ne doit pas être utilisée seule. Toute personne qui se sait atteinte d'un cancer ressent une profonde angoisse, les thérapeutiques souvent lourdes mais nécessaires, l'aggravent. Les réactions de la famille, des amis et parfois de l'employeur peuvent engendrer beaucoup de souffrance quand elles ne sont pas d'amour, d'amitié et de soutien. Ainsi se trouvent multipliées les agressions qui mettent la personne en état de stress, état de stress psychologique donc physiologique, dans lequel le plexus solaire ( réunion des nerfs innervant les organes digestifs) sous tension permanente, freine considérablement l'écoulement des sucs biliaire et pancréatique. Il induit ainsi une mauvaise détoxication des produits chimiques, un dysmétabolisme intestinal, le tout créant un "mal être" qui à son tour devient agression ... La compréhension de cette physiologie et de cette physiopathologie fait réaliser que la diététique ne peut pas atteindre une efficacité réelle dans ces conditions, et qu'il est nécessaire d'inclure dans cette stratégie de lutte des éléments de relaxation, qui peuvent être différents pour chacun mais qui ont tous le même but : se détendre physiquement et se pacifier au maximum. Cela ne supprime pas les agresseurs exogènes, mais change la façon dont on les vit et permet ainsi de les digérer. La digestion événementielle facilite la digestion alimentaire.

Concrètement, la diététique sous-entend :

Dans les cancers où les oestrogènes jouent un rôle important, les produits laitiers apportent donc :

Les laits de brebis et de chèvre sont moins pro-inflammatoires. Si la tentation est trop forte, c'est avec la chèvre plutôt qu'avec la vache qu'il vaut mieux "fauter" ...

Les cellules cancéreuses sont des cellules fragiles qui n'ont plus les moyens de produire leur propre énergie, c'est la raison pour laquelle elles se nourrissent de tout ce qui leur arrive par le sang et en premier le sucre et toutes sucreries dégradées en glucose dans le foie. N'oublions pas que ces cellules cancéreuses consomment leur poids de sucre toutes les 4 ou 5 heures !

Ainsi voit-on que les glucides, les lipides et les protéines sont les nourriciers des cellules cancéreuses, et pourtant le jeûne n'est pas une solution ! Il est nécessaire de manger pour nourrir les cellules normales afin de les fortifier dans le combat qu'elles mènent.

Globalement on peut dire que les légumes crus et cuits, les fruits crus et cuits (en privilégiant les crus) et les légumineuses très riches en fibres, potassium, magnésium et calcium, sont les trois principaux aliments. Parmi les produits d'origine animale, préférer les volailles, faiblement assimilées par l'organisme, aux viandes rouges, mieux assimilées et plus toxiques, l'agneau élevé sous la mère, les poissons de mer et parfois des oeufs à la coque. Supprimer tout ce qui est porc et abats, pour éviter un travail supplémentaire de détoxication au foie. C'est un conseil général qui doit être adapté à chacun.

Une question est systématiquement posée par les femmes quand on parle ainsi de l'alimentation :
"Si je supprime les produits laitiers vais-je faire de l'ostéoporose ? Faut-il alors que je prenne des comprimés de calcium ? "
La réponse est le plus souvent non.

En dehors des aliments nutritifs pour les cellules saines dont nous venons de parler, il existe des possiblités de détoxiquer l'organisme comme avec les cures de fruits (les cures de fruits rouges au printemps, la très célèbre cure de raisins à l'automne, si détoxicante !) mais également les monodiètes, faciles à faire, qui réactivent l'organisme (monodiètes de fruits, ou d'un seul fruit, monodiète de lentilles, de légumes, etc.).

Enfin pour terminer, un mot sur la vitamine C. Elle est nécessaire pour son rôle anti-infectieux, pour son intervention dans la synthèse du cortisol, hormone de défense de l'organisme tant sursollicitée et épuisée par les chimiothérapies. Elle se trouve dans tous les légumes et fruits frais, le kiwi en étant le fruit le plus riche.
"Chaque repas est une ordonnance" , comme le disait Georges DUHAMEL.

Vouloir traiter le processus tumoral en faisant abstraction de son environnement est une approche qui confine à l'absurde, mais avec nos malades, nous sommes conscients qu'accepter de bouleverser sa façon de s'alimenter, de se pacifier intérieurement quelles que soient les agressions, leur force, leur multiplicité, leur durée, est une démarche qui a un coût, car il coûte de faire des choix, de devenir responsable de sa vie, de grandir, d'acquérir la liberté. Pourtant c'est à ce niveau que se situe le véritable combat contre le cancer, car quelle qu'en soit la gravité "l'homme persiste sous le malade et dispose le plus souvent de ressources extraordinaires" lui permettant de se battre contre sa maladie.